L'âge de raison

         Parler de cinéma n'est pas mon fort. Certaines autres personne comme Lucie savent parler de cinéma. Pas moi, du moins je n'ai jamais vraiment essayé. Je regarde très rarement des films, surtout quand je suis plongée dans une série (comme 90210). J'ai comme l'impression de faire une sorte de "pacte" avec la série en question et je ne me permets pas de regarder autre chose (oui je suis un peu tarée). Aujourd'hui, je me suis permis. Faut dire, il pleut. Dans quelques jours à peine je pars de ma maison pour plus d'un mois, je quitte mes amis et l'océan. Et je ne peux même pas profiter de la plage avant de partir puisqu'il ne fait pas beau!! Du coup, forcément, ma télé m'a fait de l’œil et vidéo à la demande aussi. 

          Il y a un tas de films dont j'aurai aimé vous parler. Des films que j'ai vu bien souvent avec quelques années de retard, comme si j'étais en décalage permanent. Le monde de Charlie, entre autres. Un film dont je garde un excellent souvenir. 

          J'ai toujours aimé Sophie Marceau, elle a toujours fait partie de mes icônes si je puis dire. Pour ses nombreux rôles qui m'ont toujours inspiré au fil des années, de l'incontournable La Boum, à LOL, en passant par Un bonheur n'arrive jamais seul (chouette film aussi)(bien que bourré de clichés un peu nian nian, mais bon), sans oublier L'étudiante, et j'attends de voir Une rencontre. Ça fait un moment que j'entends parler de L'Âge de raison. Faut dire, il est sorti en 2009. Autant ce film que sa date de sortie me donnent un coup de vieux (je me sens stupide de dire ça à l'âge de 15 ans). C'est un film qui fait réfléchir. Qui nous efforce de nous rappeler ce que nous étions à l'âge de 5,6,7, 8 ou 9 ans, de quoi nous rêvions. Qui nous ramène à ce que nous voulions devenir. 

          Qui j'étais 10 ans en arrière? Une petite fille timide, pas très sociable. Passionnée par la préhistoire d'abord, puis par l'Egypte Antique. Je voulais être Égyptologue ou Archéologue. Un Noël, on m'avait même offert un kit d'archéologie ou il fallait enlever tout l'argile pour trouver je ne sais plus quoi. Avant ça, je voulais être Topithologue. Oui, ça n'existe pas. C'était un métier purement inventé, un croisement entre vétérinaire et chercheur, qui consistait à mesurer en long en large et en travers tous les animaux que je rencontré, du chat à la tortue. J'ai aussi fait un élevage d'escargots et de limaces une année. Ainsi que la collection des cartes Pokémon (il m'arrivait même d'en fabriquer moi même en inventant et en dessinant de nouveaux pokémons), et des billes, des pépites aux billes plates. Je jouais à la corde à sauter et j'avais un carnet dans lequel je répertoriais toutes les figures possibles et mes records. De même pour le jeu de balle, "lancer une balle contre le mur et faire 3 tapes avant de la rattraper". Je passais beaucoup de temps toute seule. Je jouais aux Playmobiles et j'imaginais des villes Playmobiles chaque jour. Je n'ai jamais joué à l'élastique. J'adorais lire Le club des cinq, j'étais fan de Détective Conan et des détectives en général. On m'a toujours dit que c'était un métier qui pourrait me plaire. J'adorais enquêter sur tout et sur n'importe quoi. Quand j'avais 8 ans, j'ai trouvé un ticket de caisse avec une liste de course au dos et j'ai mené mon enquête pendant des jours pour trouver à qui il appartenait. J'étais une petite fille un peu à part. Un jour, en sortant de ma classe de CP, je me suis dit "pourquoi je ferais pas pleins de bêtises comme les autres moi", et je faisais exprès de bavarder, je cherchais tout le temps à être puni. Et puis je me suis rendue compte que ça ne me ressemblait pas. Je regardais ScoobyDoo avec mon frère. Et plus belle la vie avec ma soeur. Je construisais des cabanes dans le bois à côté de chez moi avec ma voisine. Je faisais des batailles de glands avec mon voisin. Le soir dans mon lit, pour m'endormir, je parlais toute seule en chuchotant comme une chroniqueuse radio. J'inventais des faits divers, des notions d'économie. Quand j'étais petite, j'ai commencé à écrire un tas de roman et je n'ai fini aucun d'entre eux. A chaque fois que j'avancais dans l'écriture d'un bouquin, j'avais une nouvelle idée de roman alors je me lançais dans un autre. Comme quoi ma passion pour l'écriture date un peu. 10 ans en arrière, j'étais assez garçon manqué. Je préférais porter des baskets achetés chez Gémo que des robes et des jupes comme les autres petites filles. C'est en arrivant au collège que j'ai eu envie de mieux m'habiller, vers la quatrième que j'ai vraiment commencé à céder à cette envie et à faire attention à mes fringues. Je n'aimais pas Mac Do. Je faisais de l'athlétisme. Après avoir fait un an de danse classique, mais ça m'ennuyait alors j'ai arrêté. Faut dire, j'avais 5 ans. Je promenais mes petits chats dans ma poussette. Poussette dans laquelle je n'ai d'ailleurs jamais promené de poupons. Je n'ai jamais joué aux Barbies et que très rarement joué à la poupée. Je faisais de la flûte traversière. J'en ai joué pendant 5 ans. Puis j'ai abandonné. Tout comme j'ai abandonné ma passion pour l'Egypte Antique et pour la Préhistoire, tout comme j'ai abandonné l'écriture de mes romans, tout comme j'ai abandonné l'athlétisme et la danse. 

          J'ai parfois l'impression d'avoir abandonné mes rêves et moi même en cours de route. Pour m'en construire des nouveaux, pour devenir quelqu'un d'autre, pour grandir. "Grandir, c'est avancer". Mais est-ce qu'avancer signifie renier le passé pour rêver d'un futur? Parfois j'en doute, parfois je me dis que c'est le seul moyen mais on ne peut pas oublier son enfance. Quand on est enfant on ose tout, on ose faire la roulade arrière même si on a aucune idée de la façon de la faire (d'ailleurs je détestais la gym), on ose rêver d'être egyphtologue parce qu'on croit que tout est possible. En grandissant on nous bourre le crâne en nous disant qu'on est mal barré, que la planète va mal, que c'est la crise, quand ne peut pas avoir ce qu'on veut, quand on doit faire des choix et des sacrifices. Et pourtant, pourquoi tout ne serais=t pas possible? Tout l'est si on s'en donne les moyens et c'est dommage qu'on nous dise le contraire pendant la période de notre vie où on sacrifie nos rêves d'enfants pour se plier à une société qui nous donne des envies d'adulte, l'adolescence. J'en savais un rayon sur l'Egypte Antique. Ce qui me passionnait le plus, c'était la vie quotidienne. Et puis j'ai tout oublié, tout mes savoirs. Je savais jouer de la flûte traversière à un bon niveau, et j'ai tout oublié. Je n'ai pas persévéré dans grand chose. Ne pas aller au bout de nos rêves, c'est comme si on avait perdu notre temps à rêver, non? 

          Voilà ce que ce film a suscité comme réaction chez moi... et chez vous? C'est vrai que cet article peut paraître étrange. Peu commun à ce que vous lisez d'habitude. Peu commun à ce que j'écris d'habitude. Contraire à mes principes, puisque divulguer son enfance comme ça sur la toile, c'est contraire à l'intimité. L'enfance, c'est précieux. Ce sont des souvenirs fragiles dont on a parfois du mal à se souvenirs, surtout ceux avant le fameux âge de raison. Dans cet article, la barrière entre réel et virtuel est très mince. 

          L'âge de raison, un film dit "tendre", pas faux. Très tendre, assez longuet par moment, mais c'est un beau film. Emouvant, la preuve dans cet article. J'ai aimé ce film. Réalisé par le réalisateur de Jeux d'enfants et avec Sophie Marceau dans le casting, ce n'est pas étonnant. 

"La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit." - Oscar Wilde